Wednesday, April 9, 2014

Docteur Roger Lafontant : Animal politique. Ce qu'il faut retenir


Docteur Roger Lafontant: Animal politique
Par : Guillaume Jean-Mary, ing.

1972 : Cadre et militant duvaliériste, il est nommé ministre de l’intérieur et de la défense nationale sous le gouvernement du Président Jean-Claude Duvalier.

1983 : Tenu à distance par le régime de Jean-Claude Duvalier en raison de ses ambitions politiques démesurées, il est nommé Consul Général au Canada. Le Docteur Lafontant avait de sérieux désaccords avec le Président Jean-Claude Duvalier quant à l’orientation idéologique de son régime depuis que ce dernier a épousé Michèle Bennett, une mulâtresse de la bourgeoisie haïtienne. La révolution duvaliériste des masses, d’après la lecture politique du Docteur Lafontant, s’est transformée en un Jean-Claudisme jouisseur et élitiste.

1986 : S’installa en République Dominicaine suite à la chute du régime dictatorial et à la mouvance populaire anti-Duvalier et anti-macoute en Haïti. Là, il regroupa les duvaliéristes frustrés et maintint des contacts avec les militaires proches dans l’objectif de reprendrerapidement le pouvoir.

7 juillet 1990 : Il retourne en Haïti, supporté par Serge Beaulieu et Radio liberté, la station qui tenait à camper les vertus sociales du régime déchu des Duvalier face à la mouvance politique anti-macoute. Sans perdre de temps, le Docteur Lafontant s’autoproclama comme le leader  des duvaliéristes aux élections à venir de fin 1990 et organisa le congrès de Vertallis à Bon Repos ; ce qui connut un succès médiatique. Il déclencha une épreuve de force pour contrecarrer l’article 291 de la Constitution haïtienne de 1987 qui écarta tous les anciens duvaliéristes du pouvoir politique sur une période de 10 ans. En fin de compte, la candidature du Docteur Lafontant fut rejetée par le Conseil Electoral Provisoire (CEP). Cette décision fit monter la tension dans le camp des duvaliéristes qui ont dirigé Haïti au cours des 29 dernières années. Pour eux, pas question de laisser le pouvoir aux communistes anti-duvaliéristes.  

6-7 janvier 1991 : Tentative de coup d’état contre le Président provisoire Ertha Pascal-Trouillot, ceci avant même l’installation du nouveau Président élu Jean Bertrand Aristide. Alors que Lafontant brandit que la passation du pouvoir (le pouvoir) a eu le support de l’armée, le Général Hérard Abraham ainsi que les membres du Haut Commandement de l’armée condamnèrent le coup d’état en le traitant de « acte terroriste » et en invitant la population à garder son calme. La communauté internationale ainsi que l’OEA condamnèrent le putch et supportèrent le gouvernement provisoire d’Ertha Pascal-Trouillot. Au procès, des témoins ont déclaré que le Docteur Lafontant et ses hommes ont utilisé l’armée pour kidnapper le Président provisoire Ertha Pascal-Trouillot, l’emmener au Palais National et l’obliger à lire sa démission sur la télévision nationale d’Haïti. Le même soir, des duvaliéristes, anciens miliciens et soldats de l’armée ont déclenché une opération de terreur dans les quartiers populaires. Ce qui s’est soldé par 75 morts et plus de 150 blessés, selon la presse. L’armée contesta le coup et procéda à l’arrestation du Docteur Lafontant ainsi qu’une dizaine de complices dont des soldats et miliciens-macoutes. Tous ont été conduits au Pénitencier National.

31 juillet 1991 : Condamné à perpétuité par la justice haïtienne pour sa tentative de putch. En effet, après un procès d’environ 21 heures, le Docteur Lafontant fut condamné à perpétuité alors que 21 de ses complices furent condamnés à des peines de 10 ans et plus. Il faut noter que le Docteur Lafontant n’a pas cessé de dénoncer le tribunal  en le récusant et en traitant la justice de « travestie de justice » alors que d’autres avocats ont du décliner l’offre de défendre le Docteur Lafontant et consorts par peur de représailles des supporters du Président Aristide.  Madame Ertha Pascal-Trouillot n’a pas été citée  pour témoigner au procès. Il faut aussi noter qu’elle a été arrêtée puis relâchée pour suspicion de complicité à la tentative de coup d’état du Docteur Lafontant le jour même de l’installation du Président Aristide , mais les charges ont été enlevées après qu’elle eut déclaré qu’elle a été contraint par les putchistes de renoncer à sa fonction.

30 septembre 1991 : Deux mois après avoir été condamné, le Docteur Roger Lafontant est assassiné en prison le jour même du coup d’état militaire contre  le Président Jean Bertrand Aristide.

 GJM
04/08/2014

No comments:

Post a Comment