Wednesday, April 9, 2014

Haïti, de dialogue politique en contestations. Où est la vision politique ?


Par: Guillaume Jean-Mary, ing.

Pourquoi les politiques refusent-ils de faire de l'opposition en profondeur? Tout le monde veut rester en surface et épiloguer sur la conjoncture. Parler à haute voix à la radio pour se faire remarquer et invectiver les adversaires politiques, c'est ce qui importe  pour eux. Pas un minimum d'organisation ou de planification sur le long terme. Le projet politique de l'opposition démocratique, au bénéfice du plus grand nombre, n'est jamais clair. Quels sont les points d’accords et de désaccords? On n'en parle même pas. On conteste, on s’oppose.

Si l’on part du principe que l’on prend toujours le pouvoir pour défendre les intérêts d’une classe sociale. S’il est vrai que le pouvoir politique en place a fait montre de certaines velléités à adresser les difficultés  des couches sociales les plus vulnérables. S’il est évident que l’oligarchie économique, proche du Président et trop habituée aux activités souterraines, est prête à tout aux fins de récupérer tous les avantages du pouvoir politique. Il est aussi vrai que la stratégie des partis de l’opposition politique pour contrecarrer les assauts de l’oligarchie économique n’est pas claire. Le sénateur Moïse Jean-Charles fait de son mieux pour dénoncer les dérives du pouvoir. Mais, où sont les dossiers ?

 1- Pas d'enquêtes sur les avoirs des dirigeants et de leurs familles.

2- Pas d'enquêtes sur les groupes économiques et corrupteurs traditionnels, alliés de tous les régimes politiques dont leur mission essentielle est d'utiliser toutes les stratégies possibles pour piller les ressources de l'Etat.

3- Qui, dans l'opposition, veille sur la contrebande, les douanes et les frontières  en Haïti?

4- Qui s'assure que les autorités politiques ne font pas alliance avec des secteurs mafieux du privé pour piller l'Etat?

5- Qui s'assure que les entreprises privées fournissent à l'Etat la totalité des produits pour lesquels ils ont reçu des chèques?

6- Qui veille à la duplication des salaires obtenus par un certain nombre de cadres de l'administration publique?

7- Qui s'assure que chaque entrepreneur paye à l'Etat les taxes qu'il faut?

8- Qui s'assure que le juge ne vend pas son verdict?

9- Quels secteurs se chargent de l'évaluation des résultats  au niveau de chaque Ministère et chaque direction autonome de l'Administration publique?

10- Qui enquête sur les parcs de véhicules, terrains et autres propriétés de l'Etat?

11- Qui enquête sur les gaspillages traditionnels des avoirs de l'Etat au niveau de la Présidence, la Primature, au Parlement; dans les directions générales, les directions autonomes, les mairies et autres instances chargées de gérer et d’administrer les ressources de l'Etat?

 A quoi cela sert de se considérer en tant que leader politique en 2014 si on ne veut pas respecter le verdict de la population ? Quel est l’intérêt d’un démocrate à faire la promotion publique du court-circuit du mandat populaire en dehors des institutions de l’Etat? N’est-ce pas l’expression d’un certain mépris de l’autre?

Quels devraient être les éléments de contenu d’un dialogue national, dans une ambiance de désaccord politique ? A quoi cela sert de contester et s’opposer si on n’est pas prêt à étayer ses points de désaccords et de s’asseoir avec les autres à la recherche de propositions dans le sens de l’intérêt public ? Qui veulent vraiment que les choses changent en Haïti? Comment identifier les opportunistes politiques? Comment reconnaitre les regroupements politiques qui ont une vision pour le changement ?

Si le dialogue permanent traduit un sens profond d’engagement, le réflexe à la dictature, la  contestation sans dossiers et l’opposition systématique traduisent un déséquilibre, une confusion, une incapacité.  Les haïtiens ont déjà l’arithmétique des problèmes de leur pays. Ce qu’il leur faut, c’est des patriotes conscients et compétents, prêts à consentir des sacrifices en vue de développer Haïti.

 GJM
03/23/14

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